À l'occasion de l'Euro de football 2021, l'EM Strasbourg met en avant des alumni s'illustrant dans l'industrie du ballon rond. Aujourd'hui, Jean-Marie Tardy, Ticketing Project Manager à la FIFA, revient sur son parcours, ses années à l'EM Strasbourg et prodigue de précieux conseils aux étudiants souhaitant évoluer dans ce secteur.
Quel cursus avez-vous réalisé au sein de l’EM Strasbourg ?
J'ai intégré le Programme Grande École de l'EM Strasbourg après une classe préparatoire, en 2009. Mon choix s'était porté sur cette école car je souhaitais m'orienter vers le monde du sport professionnel, ce que le double diplôme avec l'Université de Strasbourg semblait faciliter. Après un stage de fin de première année à l'organisation du Run In Lyon 2010, je suis parti perfectionner mon anglais à Nottingham pour mon année à l'étranger.
À l'issue de cette année, je suis rentré finir mon cursus à Strasbourg et j'ai intégré le double diplôme M2 Marketing et Gestion du Sport. En parallèle de mon cursus, j'étais impliqué dans la gestion du jeu en ligne Das Boot, et j'ai fait partie de la première équipe d'exploitation de PolEMics, la tribune étudiante de l'EM, alors fraîchement créée.
Quels sont vos meilleurs souvenirs au sein de l'école ?
J'ai comme beaucoup adoré mon année à l'étranger pour l'ouverture d'esprit et la découverte d'autres manières de penser et de fonctionner. Je garde aussi en mémoire quelques matchs de foot avec l'équipe de l'EM. Mais je pense vraiment que mon meilleur souvenir est le lancement de PolEMics. J'avais regretté pendant ma 1A l'absence d'interventions politiques - surtout en étant dans la capitale européenne - et j'ai sauté sur l'occasion, lorsque l'association a été créée, pour apporter ma pierre à l'édifice. Tout était à construire, l'apprentissage était permanent, et je pense que cette expérience compte parmi les plus formatrices de mon parcours.
Quel a été votre parcours par la suite ?
À la fin de mes études, j'ai eu l'opportunité de rejoindre les équipes du Consortium Stade de France en tant que stagiaire Chargé d'études marketing. Cette expérience m'a permis de mettre le pied dans le monde de l'entertainment, et de poursuivre ma carrière avec plusieurs missions de relations clients au sein des équipes du Stade de France. Faute d'opportunités dans le sport, et après quelques mois de recherches, j'ai accepté un poste de chargé de support client dans une start up informatique. Mais très vite le rythme et l'ambiance de l'événementiel m'ont manqué, et j'ai mis fin à cette expérience. Déterminé à revenir dans le monde du sport, j'ai alors accepté un poste en call center dans une start up en conseils et service en billetterie, eForSports. Si j'étais clairement surqualifié pour le poste, j'ai pu remettre le pied dans le domaine qui m'intéressait et m'occuper de la relation client de nombreux comptes (FFF, PSG, LOSC, ASSE...). Très vite, et grâce à l'esprit start up, j'ai pu évoluer sur un poste de chargé de marketing, m'occupant des campagnes marketing des différents clients de l'agence (FFF, PSG, OL,...).
Grâce à mon parcours à la fois dans le sport et dans l'informatique, j'ai ensuite signé mon premier CDI chez SecuTix, éditeur de solution de billetterie, que j'avais connu au Stade de France et qui venait de sécuriser la fourniture de sa solution pour l'Euro 2016. SecuTix fournissait alors essentiellement le secteur du spectacle vivant et des musées, et cherchait à se développer davantage dans le monde du sport. Ils avaient donc un intérêt prononcé pour mon profil avec une affinité sport et la gestion logiciel. En tant que chef de projet, j'avais pour mission de déployer la solution chez les clients, ainsi que participer aux appels d'offres et autres présentations commerciales. Pendant 6 ans, j'ai ainsi pu travailler au sein de nombreux clubs et événements sportifs, ainsi qu'élargir mes horizons en travaillant avec des clients dans d'autres secteurs (spectacles vivants, musées, villes). Outre le développement de compétences professionnelles et la possibilité d'utiliser de formidables outils, j'ai pu me constituer un réseau parmi les professionnels du secteur, aussi bien chez les annonceurs que chez les prestataires.
Vous évoluez aujourd’hui au sein de la FIFA. En quoi consistent vos missions ?
Je suis aujourd'hui Ticketing Project Manager à la FIFA. Ma mission consiste à coordonner l'ensemble des activités billetterie pour les tournois organisés par la FIFA (Coupe du Monde masculine et féminine, senior, U20, U17, coupe du monde des clubs, eGaming). Il s'agit de représenter la division billetterie auprès des autres divisions FIFA en charge de l'organisation. Respect des deadlines, des budgets, définitions des stratégies tarifaires et commerciales billetteries font partie intégrante de mon périmètre. Ma connaissance approfondie du système de billetterie m'amène également à prêter main-forte aux équipes dans le delivery opérationnel des événements.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans ces fonctions ?
Outre la notoriété de mon employeur, j'apprécie de pouvoir découvrir le fonctionnement d'une structure internationale, d'échanger avec des collègues de différentes nationalités, de visiter de nouvelles villes et de nouveaux stades. Je rentre par exemple tout juste d'un mois d'inspection des stades en Australie et Nouvelle-Zélande pour la FIFA Women's World Cup 2023.
Avec la crise sanitaire, le secteur de la billetterie a été impacté. Comment "relancer la machine" selon vous ?
D'un point de vue spectateur, la machine n'attend que son activation pour être relancée. Les quelques mises en vente qui ont pu avoir lieu ont révélé l'impatience du public pour un retour dans les lieux culturels. Ce retour dans les stades et les salles ne peut se faire qu'en ramenant la confiance d'un point de vue sanitaire. Il ne faut pas brûler les étapes et prendre le risque de créer de nouveaux clusters. Les évolutions en termes de vaccination et de traçabilité sont à mon sens les premiers jalons posés pour ce retour vers des stades pleins. La pandémie a entraîné une accélération dans la digitalisation de nombreux services à destination des fans, notamment en billetterie. Il devrait donc être plus facile d'apporter des services à valeurs aussi bien aux fans qu'aux autorités compétentes pour permettre de ramener le public dans les stades en toute sérénité.
Vous avez évolué dans de nombreuses structures sportives, le Stade de France, l'Euro 2016, SecuTix... Qu'est-ce qui vous passionne dans l'industrie du sport ?
Tombé dans le bain du football avec la Coupe du Monde 98, je me suis pris de passion pour toutes ces émotions véhiculées, partagées entre des centaines, des milliers d'individus sans lien entre eux. Cette capacité de fédérer, de pousser des gens de tout background à chanter pour une équipe, à s'embrasser pour une victoire, pleurer pour une défaite. D'un point de vue professionnel, l'adrénaline de l'événementiel est un moteur important. Passer des mois voire des années à préparer un événement, et savoir que malgré tous ces préparatifs il y aura des imprévus auxquels il faudra faire face en quelques secondes. Quoi que l'on puisse faire, chaque événement est unique et apporte son lot de challenges. Ce qui permet d'apprécier ensuite la période d'accalmie jusqu'à l'événement suivant. •
Auriez-vous des conseils à donner aux étudiantes et étudiants de l'EM Strasbourg souhaitant travailler au sein de l'industrie du football ?
L'industrie du football, et du sport professionnel en général, n'est pas une industrie facile à intégrer, et il faut parfois compter sur un peu de chance. Il faut être honnête là-dessus. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il est impossible de l'intégrer. Je suis rentré dans la vie professionnelle en n’ayant aucun réseau dans le monde du sport. Mais je n'ai pas renoncé. C'est le premier conseil que je donnerai : ne lâchez rien. Ensuite, donnez-vous les moyens de vos ambitions, et n'ayez pas peur de faire vos preuves sur des postes a priori moins intéressants ou sans rapport. Fixez-vous des objectifs. Pour ma part, je voulais intégrer le milieu dans un premier temps. Ensuite, j'ai eu la volonté de pouvoir travailler sur l'Euro 2016, ce que SecuTix allait me permettre.
Enfin, ma recommandation en début de carrière serait : diversifiez vos expériences et essayez de comprendre comment fonctionne l'écosystème. Les clubs se reposent souvent sur de nombreux partenaires et prestataires qui délivrent en leurs noms. Travailler pour une agence ou un prestataire qui s'occupe de plusieurs clients dans le monde du sport vous permettra d'appréhender des problématiques différentes et d'élargir vos horizons en même temps que votre carnet d'adresses. Ce qui se valorise facilement par la suite.