Pour la 2e année consécutive, l’hémicycle du Parlement européen de Strasbourg a accueilli plus de 400 étudiants du programme Master universitaire à une conférence-débat sur le thème de la RSE, au cœur de nombreux débats au sein de l’Union européenne. Sous l’égide d’Herbert Castéran et de Marie-Hélène Broihanne, respectivement Directeur général et Directrice déléguée des Programmes masters universitaires et Executive education de l’EM Strasbourg, et avec pour modérateur Enrico Prinz, directeur de l’internationalisation de l’école, la conférence s’est voulue un espace d’échanges fructueux.
RSE et réchauffement climatique
Après un mot de bienvenue de Luis Martínez-Guillén, chef du bureau de liaison au Parlement européen, et un rappel des fondamentaux du fonctionnement de l’Union européenne par Sophie Le Rue, administratrice du parlement Européen, Marie-Hélène Broihanne rappelle la définition de la RSE, qui est « la manière pour les entreprises d’intégrer les préoccupations sociétales, environnementales et éthiques en y incluant les parties prenantes ». Cette problématique s’étend à toutes les sphères d’activité et, à l’heure où le réchauffement climatique est au centre des préoccupations, la question pour les entreprises n’est plus de savoir SI elles doivent s’engager sur le plan sociétal et environnemental, mais COMMENT elles doivent le faire.
Un point de vue amplement partagé par Pia Imbs, responsable de la Chaire RSE et référente en Développement durable à l’EM Strasbourg, qui constate que la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ne peut pas être déconnectée des problématiques climatiques. Pour illustrer ses propos, elle cite notamment l’économiste américain Jeremy Rifkin et son « New Deal vert mondial », un ouvrage dans lequel il propose un « plan économique pour sauver la vie sur Terre ». Dans cette démarche, Pia Imbs rappelle que les défis sociaux et la lutte contre la pauvreté ne peuvent en aucun cas être oubliés. La question se pose aujourd’hui de la mise en place d’une véritable transition écologique, traduite par une « croissance verte », en repensant tout le processus de production.
Quel rôle pour les entreprises et les institutions ?
Si les entreprises doivent être pleinement impliquées dans cette démarche, Dita Charanzova, vice-présidente du Parlement européen, explique combien les institutions sont elles aussi concernées, et présente quelques-unes des initiatives prises par le Parlement. Anne Sander, questeur au Parlement européen, confirme cette posture des institutions, rappelant que la responsabilité sociale des entreprises doit être encouragée par les pouvoirs publics et le Parlement européen. À travers ses différents organes, l’Union européenne met ainsi en place un certain nombre de mesures pour inciter fortement les entreprises du monde entier à adopter un comportement plus respectueux de l’environnement.
Christel Kohler, présidente du Réseau gaz naturel à R-GDS, expose, quant à elle, les nouvelles orientations de sa société en matière de production de gaz vert. Une performance énergétique qui démontre le souhait de GDS de structurer sa démarche RSE. Pour ce faire, l’entreprise strasbourgeoise s’est fixé 4 objectifs parmi les 17 préconisés par l’ONU : produire une énergie propre à coût abordable, promouvoir la mobilité décarbonée, soutenir les associations locales présentes sur le terrain et réduire l’empreinte carbone de ses activités. L’objectif de GDS ? Passer des 20% de production de biogaz actuelle à une production 100% verte d’ici 2030.
Au tour de Virginie Joron, membre du groupe « Identité et Démocratie » au Parlement européen, d’évoquer les mesures prises par les institutions européennes, mais aussi les pistes envisageables pour parvenir à faire évoluer les sociétés dans leur stratégie, afin de maintenir à flot les entreprises tout en les sensibilisant davantage à cette démarche de RSE.
Engagement citoyen
Anne Sander souligne que « l’urgence climatique nécessite les efforts conjoints des acteurs privés et publics », mais aussi que chacun a un rôle à jouer dans cette démarche globale. Une position que partage pleinement Dominique Freund, directeur d’Emmaüs Strasbourg, qui évoque la philosophie de l’association, qui vise, depuis plus de 70 ans, à mettre en place un développement durable en luttant contre la misère et la pauvreté. Tout, dans le fonctionnement même d’Emmaüs, est pensé pour minimiser autant que possible son empreinte carbone, afin de « changer son comportement et ses rapports à l’autre, à son mode de consommation, mais aussi à soi-même, le tout avec réalisme et bienveillance ». Dominique Freund rappelle lui aussi la responsabilité individuelle dans cette démarche, car chacun, à son niveau et avec ses moyens, peut agir pour participer à cette « chaîne économique alternative et solidaire », en commençant par utiliser le plus grand de nos pouvoirs démocratiques : le vote !
Agir vite !
Après trois votes sur des questions environnementales et de RSE au niveau de l’Europe, Enrico Prinz, dans sa synthèse souligne l’urgence de la situation et rappelle le rôle de chacun, en tant que consommateur ou simple citoyen. Il déplore l’immobilisme auquel on assiste parfois à l’heure des décisions concrètes et des engagements réels, alors que « sur le papier, tout le monde est engagé et motivé ». Avec entrain, dynamisme et force de conviction, il invite chacun à agir !