J-P. Bootz, interview sur l’encadrement de thèse

Interview de Martial Bellon

Enseignant-chercheur à l’EM Strasbourg et membre du laboratoire HuManiS, Jean-Philippe Bootz encadre à ce jour deux doctorants. Nous lui avons posé quelques questions sur les différents formats de thèse de ces doctorants et sur son rôle de directeur de thèse.

  • Bonjour, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

En 2013, j’ai rejoint l’EM Strasbourg en tant que Maître de conférences. Afin de pouvoir encadrer des doctorants, j’ai soutenu mon HDR en 2017. Et à la rentrée 2023, je vais être promu au poste de Professeur des Universités.

Mes travaux de recherche relèvent du management stratégique avec deux champs principaux : la prospective stratégique et le management des connaissances. En lien avec ces thématiques, j’occupe la fonction de responsable de l’Observatoire des Futurs et de la chaire Management des connaissances et prospective de l’EM Strasbourg. Je suis également responsable scientifique de l’AGeCSO, association académique centrée sur le management des connaissances.

 

  • Vous encadrez actuellement deux doctorants. Pouvez-vous nous parler de leur projet de thèse ?

Mon premier doctorant, Pietro Beltramello, réalise une thèse par article sur le lien entre la bioéconomie (économie respectueuse de l’environnement qui vise l’utilisation efficace des ressources naturelles) et le management des connaissances. Il utilise le management des connaissances comme un moyen d’opérationnaliser les grilles théoriques de la bioéconomie.

Mon deuxième doctorant, Quentin Lambert, a obtenu un master en entrepreneuriat à l’EM Strasbourg et a souhaité poursuivre avec un doctorat. Il mène une recherche-action, sous la forme d’une thèse monographique, qui consiste à concevoir et développer une communauté de pratiques d’étudiants-entrepreneurs dans le cadre du DU Jeune Entrepreneur qu’il dirige à l’EM.

 

  • Quelle est la différence entre une thèse par article et une thèse monographique ?

La thèse par article est un format qui s’est beaucoup développé ces dernières années. Les principaux résultats vont être présentés sous forme d’une compilation de 3 articles minimum, publiables dans des revues à comité de lecture et avec au moins un article accepté pour publication. Il permet au doctorant de se familiariser avec le processus de publication et de monter plus rapidement en compétence sur cet aspect central de la carrière des enseignants-chercheurs.

La thèse sur travaux nécessite une capacité à articuler les différents articles utilisés et donc de trouver un cadre théorique englobant, ce qui n’est pas toujours simple. Par ailleurs, le processus de publication étant souvent long, la gestion du temps et de la pression est souvent plus complexe. En comparaison, la thèse monographique, format plus classique, permet l’exploration plus profonde d’une problématique spécifique qui sera développée progressivement tout au long de la thèse.

Les deux comportent des avantages et des inconvénients, le choix doit ainsi se faire au cas par cas, en fonction du sujet, du domaine de recherche ainsi que de l’expérience et de la personnalité du doctorant. Et je conseille fortement d’essayer de publier au cours de la thèse, peu importe le format sélectionné.

 

  • Selon vous, quelles sont les qualités requises pour accompagner au mieux un doctorant ?

Selon moi, le prérequis à un bon encadrement est d’avoir des compétences techniques en recherche, c’est-à-dire une maîtrise des cadres théoriques, des aspects méthodologiques et des processus de publication, afin d’apporter un appui solide aux doctorants.

Mais mettre l’accent sur le facteur humain est aussi primordial à mes yeux. Je pense qu’il est nécessaire de savoir rassurer en cas de doute, être à l’écoute et globalement bâtir une relation de confiance. Pour cela, il faut apporter beaucoup d’importance au processus de sélection des doctorants. Pietro et Quentin, en plus de leurs travaux de mémoire très solides, se sont montrés très enthousiastes et motivés, ce qui m’a permis de me projeter sur le long terme avec eux.

Je m’emploie à leur offrir un espace propice à l’apprentissage et l’épanouissement de leurs projets de recherche. C’est un travail de co-construction, qui permet de mettre en adéquation la matière brute qu’ils apportent aux exigences des revues scientifiques en sciences de gestion.

 

  • Quel est l'impact de l'encadrement de thèse sur votre programme de recherche ?
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Le suivi de thèse demande un investissement en temps important, donc je n’envisage pas d’encadrer un trop grand nombre de doctorants afin de ne pas diminuer la qualité de l’encadrement.

Cependant, cela permet vraiment d’explorer des champs théoriques ou des terrains que je n’aurais pas pu aborder seul, par manque de temps. Grâce à mes doctorants, j’ai pu diversifier mes domaines de recherche sur des sujets à fort potentiel.

Ils sont également des membres très actifs de l’AGeCSO, ce qui permet de dynamiser cette association académique dans laquelle je m’implique fortement. Je pense sincèrement que nous continuerons à collaborer sur des projets communs, même après leur thèse.

 

Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions ! 

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